Election présidentielle
La carte politique taiwanaise se traduit traditionnellement par une division Nord-Sud avec la dominance du KMT dans le Nord et du DPP dans le Sud. Toutefois, les élections locales de fin 2018 ont vu Kaohsiung, la plus grande ville au sud du pays, remportée par Han Kuo-yu (韓國瑜) du KMT. Quant à la supermunicipalité de Taoyuan, dans le nord, elle reste dirigée par Cheng Wen-tsan (鄭文燦) du DPP. Les chercheurs estiment que les intentions de vote à Taoyuan et à Taipei dans le Nord, à Taichung et à Changhua dans le Centre et à Kaohsiung dans le Sud peuvent être indicatrices.
Lors des élections de 2016, le DPP était majoritaire dans 18 des 22 collectivités locales. Néanmoins, lors des élections locales de 2018, six collectivités dirigées alors par le DPP sont passées dans le camp bleu. Yu Chen-hua (俞振華), professeur associé en sciences politiques de l’Université Chengchi et chercheur adjoint du centre de recherche sur les élections de l’Université Chengchi, estime que les intentions de vote des collectivités locales reprises par le KMT en 2018 sont intéressantes à suivre du fait qu’elles pourraient aussi influencer le nombre de sièges du DPP au Parlement.
Le facteur des jeunes électeurs
D’après les différents sondages réalisés au cours de la campagne électorale, Tsai Ing-wen est la candidate préférée chez les jeunes électeurs et a axé sa campagne sur les électeurs hakkas. Son adversaire du KMT Han Kuo-yu tente d’attirer les jeunes électeurs et James Soong du PFP cible les électeurs du centre insatisfait des deux grands camps politiques. Quel que soit le parti, tous accordent une attention particulière aux jeunes qui votent pour la première fois. Ces jeunes vont-ils voter ? Leur choix final pourrait largement jouer sur le résultat des élections.
En 2020, ce sont 1,18 millions de jeunes appelés à voter pour la première fois, soit 6% de l’électorat. Chu Chao-hsiang (曲兆祥), professeur de l’institut de recherche en sciences politiques de l’Université normale de Taiwan, estime que ces jeunes électeurs n’ont pas de penchant particulier pour les traditionnels camps vert et bleu. Bien qu’ils puissent avoir certaines préférences, ils ne sont pas fidèles à un parti ni à un candidat et sont par conséquent plus à même de changer leur choix électoral.
Taux d’abstention en hausse continue
Le taux de participation de 82,69% enregistré en l’an 2000 a diminué de manière continue lors des scrutins suivants pour arriver à 66,27% en 2016. Le directeur du centre de recherche sur les élections de l’Université Cheng Chi, Tsai Chia-hung (蔡佳泓), estime que l’écart des intentions de vote détermine le taux de participation. Si les électeurs prévoient une victoire certaine pour un parti, ils ont plus facilement tendance à ne pas se rendre aux urnes. La participation des jeunes électeurs est plus imprévisible. Ne pas combiner l’organisation des référendums aux élections risque de moins attirer les jeunes à aller voter. Selon Tsai Chia-hung, le fait que le système démocratique soit bien instauré grâce à plusieurs alternances politiques depuis l’an 2000, la volonté de vote des électeurs s’en ressort amoindrie.
Elections législatives
Pour la dixième élection des législatives, les Taiwanais sont invités à renouveler les 113 sièges du Parlement composé de 73 députés des circonscriptions uninominales, 34 députés à la proportionnelle sur liste nationale des partis et 6 sièges réservés aux candidats des communautés aborigènes.
Composition actuelle du Parlement :
| Parti politique | Nombre des sièges |
| DPP (Parti démocrate progressiste) | 68 |
| KMT (Kuomintang) | 35 |
| NPP (New power Party) | 3 |
| PFP ( Parti pour le peuple) | 3 |
| sans étiquette | 3 |
| Union de solidarité non-partisane | 1 |
Les deux grands parti politiques – DPP et KMT – briguent chacun la majorité au Parlement tandis que la troisième force constituée des nouveaux petits partis présente également des objectifs ambitieux. Le tout nouveau parti fondé par le maire de Taipei Ko Wen-je (柯文哲), le Parti du peuple taiwanais (台灣民眾黨Taiwan People’s Party) table sur 10 à 15 sièges et le New Power Party vise 8 sièges.
Petits partis en pleine floraison, la 3e force déterminera la répartition du pouvoir au Parlement
Par le passé, les petits partis politiques étaient fondés par des personnes influentes dissidentes d’un grand parti. Certains ont des positions fermes sur l’indépendance ou l’unification, d’autres sont issus des mouvements sociaux. Les nouveaux petits partis populaires d’aujourd’hui veulent s’affirmer comme une troisième force distincte des deux grands partis traditionnels. Ils tablent sur les électeurs insatisfaits à la fois du DPP et du KMT. Depuis la mise en place du mode de scrutin des législatives à un tour et mixte en 2008, de plus en plus de partis politiques se présentent aux élections législatives. En 2012, 11 partis ont présenté une liste nationale, ils étaient 18 en 2016 et on en compte un de plus, soit 19 pour ces élections de 2020.
Selon le mode de scrutin actuel, les petits partis peinent à décrocher des sièges au scrutin uninominal sans une certaine entente avec les grands partis. Par conséquent, c’est la répartition à la proportionnelle sur le scrutin des listes nationales qui déterminera la présence d’une troisième force au Parlement. En 2016, le NPP profitant du mouvement Tournesol des étudiants de 2014 s’était affirmé comme une troisième force au Parlement. Mais avec la création du Parti du peuple taiwanais, la similarité des électeurs de ces deux petits partis conjuguée à la division du NPP sont autant d’aspects qui influenceront la présence finale de la troisième force au Parlement.
